Samedi 17 novembre, à l’appel du comité de défense des hôpitaux du Nord Essonne et des syndicats CGT, SUD et CFTC, plusieurs centaines de personnes ont bloqué une partie de la nationale 7 à Juvisy pour dénoncer la fermeture programmée des hôpitaux de Juvisy, Longjumeau et Orsay.
Des prises de parole ont eu lieu à mi-parcours. Nous reproduisons ici la déclaration de notre Union Départementale CGT :
« La construction d’un hôpital public en 2024 fait partie des projets d’implantation sur le plateau de Saclay. L’ARS (Agence Régionale de Santé) porte le projet et annonce des équipements de pointe, des partenariats avec les scientifiques des entreprises du plateau, 416 lits, un service ambulatoire ultra-performant et 800 places de parking. Alors, me direz-vous, pourquoi ce grand mouvement d’opposition ? Il s’agira d’un « hôpital unique » nommé ainsi, non parce qu’il sera exceptionnel, mais parce qu’il aboutira à la destruction de ceux de Juvisy, de Longjumeau et d’Orsay. Ainsi, on passerait d’une capacité d’accueil de 985 lits répartis sur tout le territoire à une capacité de 416 lits sur un seul lieu.
Quel stress pour les pompiers face à une urgence vitale quand ils devront emprunter les axes routiers surchargés pour atteindre le plateau ! Combien de victimes y aura-t-il à supporter ? La CGT estime à 900 le nombre de postes supprimés. On imagine bien la surcharge de travail sur des personnels déjà débordés et en situation de souffrance !
L’ARS se veut rassurante quant au nombre de lits car, dit-elle, ce nouvel hôpital sera doté d’un service ambulatoire de pointe mais aussi, des CCSU (Centre de Consultations et de Soins Urgent) seraient ouverts à Longjumeau et à Juvisy. Ces CCSU seraient composés de 2 médecins accueillant et dirigeant les malades au bon endroit. La CGT l’affirme : les CCSU ne fonctionnent bien que s’ils sont adossés à un hôpital ! Avec une population qui vieillit, qui augmente, des équipements publics de moins en moins nombreux et du personnel surchargé de travail, nous allons tout droit à la catastrophe avec des déserts médicaux prévisibles dans ces banlieues populaires !
Un autre argument avancé par les porteurs du projet : les économies.
La nécessaire rénovation des 3 hôpitaux actuels coûteraient 300 millions d’euros ; la construction du nouveau, 240 millions d’euros. La CGT a fait le calcul : économie 60 millions d’euros. Où est le problème me direz-vous ? La CGT a fait un autre calcul en établissant le ratio rénovation/nombre de lits et construction/nombre de lits. Le résultat est tout autre qu’une simple soustraction : coût de la rénovation = 305 millions d’euros ; coût de la construction = 576 millions d’euros. C’est magique tout ce qu’on peut faire dire aux chiffres ! Vous me direz, les hôpitaux de Massy et d’Antony, la clinique de l’Yvette à Longjumeau seront toujours là en 2024. Oui mais ce sont des établissements privés qui pourront pratiquer les dépassements d’honoraires à volonté n’ayant plus dans leur périmètre de services publics pour les concurrencer. Nous n’avons pas le temps ici de développer notre argumentaire sur les baisses et les exonérations de cotisations sociales, mais pour faire vite, les caisses dédiées aux solidarités se vidant quid des prises en charge de la Sécurité Sociale ? Que deviendront les usagers qui ne pourront plus se payer des soins ?
Pour conclure, nous notons la présence d’un certain nombre d’élus qui entrent aujourd’hui dans la bataille. La CGT s’en félicite. Nous les invitons à aller rencontrer leurs homologues qui luttent depuis le début afin qu’ils décident ensemble des suites à donner au mouvement.Pour la CGT, le combat continue contre ce projet dangereux et destructeur des conditions de vie des populations de Juvisy, Longjumeau, Orsay et des villes alentour. »
Les pompiers de l’Essonne en lutte étaient là!
Yohan qui représentait les Pompiers de l’Essonne est lui-aussi intervenu :
« Effectivement nous sommes en ce moment dans un mouvement de lutte comme dans tous les services publics car les pompiers sont un service public. Donc aujourd’hui, je viens apporter mon soutien au service public hospitalier car nous sommes directement concernés par les hôpitaux puisque nous transportons nos victimes vers les hôpitaux. Et donc aujourd’hui les projets gouvernementaux de destruction des services publics nous amènent des complications sur le terrain. Ça veut dire que demain avec la fermeture prévue des centres hospitaliers nos délais d’intervention seront plus longs. Et si on augmente nos délais d’intervention on diminue la permanence de nos engins qui sont déjà eux aussi réduit à cause des coupes budgétaires. Donc ce qui se passe c’est qu’on va accepter qu’il y aura plus de mort. Voilà le constat ! »
Le comité de défense des hôpitaux du Nord Essonne et la CGT se félicitent du succès de cette manifestation et prévoient déjà d’autres initiatives dont nous reparlerons.